Notre vision du marché
Notre vision du marché – mai 2017
Les risques politiques s’éloignent, place aux risques géopolitiques
Nos thèmes de gestion évoluent :
- Les élections françaises rassurent les Européens et amoindrissent les risques politiques.
- Les banquiers centraux vont continuer à soutenir les marchés actions.
- Les investisseurs pourraient désormais être inquiétés par la montée des risques géopolitiques dans le monde.
Alors qu’en début d’année, on pouvait craindre qu’une lame de fond eurosceptique déferle aux Pays-Bas et en France et soit capable de remettre in fine en question la construction européenne, les scrutins se sont montrés rassurants jusqu’ici, et ce même si les partis populistes ont amélioré leurs scores.
Ainsi, alors que depuis plus d’un an, les sondages pariaient sur l’arrivée en tête de Mme Le Pen au premier tour de l’élection présidentielle française, c’est finalement un candidat progressiste et europhile, Emmanuel Macron, qui prend une longueur d’avance avec plus de 875 000 voix.
Le résultat de ce premier tour a donné un véritable coup de fouet aux marchés financiers comme le démontre la journée boursière du lundi 24 avril 2017.
Source : Bloomberg / Myria AM
Les marchés actions européens ont repris entre 2.2% pour le Stoxx 600 et 4.2% pour le CAC 40, et affichent une progression supérieure à 8% depuis le début de l’année.
Dans le même temps, l’Euro s’est raffermi de plus de 1.3% face au dollar et au sterling. Sur le front des taux d’intérêts, l’écart de rendement entre la France et l’Allemagne s’est spectaculairement resserré de plus de 20 bps.
Ecart de taux d’intérêt entre la France et l’Allemagne
Source : Bloomberg / Myria AM
Plus que jamais, le monde entier a les yeux rivés sur la France, et les français vont devoir choisir entre deux modèles de sociétés, certes mais également deux modèles économiques.
En effet, si les Français choisissaient Marine Le Pen et octroyaient au Front National une majorité à l’assemblée nationale, on pourrait d’ores et déjà anticiper que :
- Comme François Hollande en 2012, la renégociation des traités européens ne donnerait rien de très probant et que l’Europe replongerait dans une crise comparable à celle de 2010 – 2012.
- Ainsi, la France convoquerait probablement un referendum sur l’appartenance à l’Union européenne et à l’Euro ce qui impliquerait une campagne très longue et une forte volatilité.
- De manière concomitante, les taux d’intérêts français se tendraient probablement et l’OAT 10 ans pourrait offrir un rendement comparable à celui du Portugal à l’heure actuelle (3.50% vs 0.9% actuellement).
- Parallèlement, la mise en place immédiate du programme économique de Marine Le Pen se traduirait par une augmentation très importante des dépenses publiques, qui passeraient de 57% actuellement à 62% du PIB, soit un accroissement en année pleine de 120 Milliards d’euros. Tant que la France reste dans l’euro, le gouvernement Front national n’aurait pas d’autre choix que de reporter la mise en œuvre de son programme après le referendum sur l’appartenance à l’UE, à moins d’augmenter drastiquement les impôts, ce qui ne manquerait pas de peser sur la croissance potentielle. Ainsi, la France pourrait connaître une récession technique due à l’incertitude politique qui durerait probablement 12 à 18 mois.
- Pendant ce laps de temps, les entreprises les plus importantes pourraient décider de bouger leur siège social hors de France et n’hésiteraient probablement pas à faire coter leurs actions en euro à Francfort, ce qui se traduirait par une perte d’influence de la place de Paris.
- Enfin, si d’aventure la France décidait de sortir de l’UE et de l’Euro, le nouveau franc verrait sa valeur se déprécier d’environ 15%, comme cela avait été le cas pour la livre sterling suite au vote en faveur du Brexit.
- Le gouvernement aurait alors la possibilité de financer les baisses d’impôts par l’emprunt ou, si les taux demandés par les marchés étaient trop élevés, par la dévaluation progressive du nouveau franc, ce qui créerait une spirale inflationniste.
En revanche, si Emmanuel Macron devait l’emporter le 7 mai et que les Français décidaient d’envoyer à l’assemblée nationale une majorité présidentielle à même d’appliquer le programme défendu par le candidat d’En Marche !, on pourrait imaginer que :
- Rassurés par les engagements européens d’Emmanuel Macron, les marchés financiers confirmeraient leur bonne orientation du premier tour et parviendraient au minimum à maintenir leur avance de début d’année.
- Dans le même temps, la mise en place du programme d’Emmanuel Macron devrait se traduire par une baisse de l’écart de rendement entre l’Allemagne et la France.
- Les risques politiques seraient quasiment réduits à néant, les élections allemandes de septembre n’étant pas un véritable enjeu puisque la coalition de Mme Merkel devrait être reconduite avec l’actuelle chancelière ou son homologue du SPD à sa tête.
- Les réformes structurelles devraient débuter dès le début du quinquennat avec l’assouplissement du marché du travail, la fusion des caisses d’assurance chômage et la simplification des structures de l’Etat.
Ainsi, l’élection d’Emmanuel Macron nous éviterait probablement de revivre un psychodrame européen digne de la crise du début de la décennie, et pourrait consolider le retour timide de la croissance sur le vieux continent… les marchés ayant horreur de l’incertitude.
Néanmoins, nous n’en sommes pas là, et de l’autre côté de l’Atlantique, les marchés financiers affichent toujours des performances insolentes, malgré l’administration Trump qui fait du surplace.
En effet, retoqué sur la réforme de l’ObamaCare, le nouveau Président a tenté de faire miroiter une hypothétique réforme fiscale, en se contentant de réitérer ses promesses de campagne. L’objectif étant de faire passer le taux d’imposition des sociétés de 35% à 15% et permettre ainsi aux entreprises américaines de rapatrier les bénéfices colossaux logés dans des pays à la fiscalité compréhensive.
Par ailleurs, les précautions oratoires de la Réserve fédérale américaine, qui a indiqué vouloir très progressivement réduire la taille de son bilan en ne réinvestissant pas les obligations qu’elle a achetées depuis 10 ans, a permis de quasiment éliminer le risque d’erreur de politique monétaire.
Ces deux raisons expliquent en grande partie la performance du Nasdaq, dont l’indice a passé pour la première fois au mois d’avril la barre symbolique des 6000 points. Les entreprises technologiques sont au premier rang concernées par cette baisse de la fiscalité sur les bénéfices des sociétés américaines.
Dès lors, il nous semble que les principaux risques soient désormais géopolitiques. En première ligne, c’est l’administration américaine qui réendosse le rôle historique de gendarme du Monde, les Etats-Unis n’ayant pas hésité à frapper les infrastructures militaires syriennes après l’attaque au gaz sarin sur des populations civiles, mettant à jour des dissensions importantes avec la Russie. De surcroît, les USA ont également envoyé un porte-avions défier la Corée du Nord, pays qui n’en finit pas de narguer l’ONU avec notamment ses essais nucléaires, ce qui n’a pas manqué de faire réagir la Chine. Enfin, plus près de nous, les attentats ou les menaces d’attentats sur le sol européen électrisent les populations et met à mal les cohésions nationales européennes, tout en déstabilisant bon nombre de régimes sur le continent africain.
Ainsi, les marchés pourraient progressivement redouter une flambée de l’instabilité mondiale, et faire trembler à nouveau les marchés financiers.
Fort de cela et à très court terme le résultat du premier tour de la présidentielle devrait être confirmé par les Français. C’est pourquoi nous avons adapté le positionnement de nos portefeuilles, en débouclant notre position vendeuse actions via des futures Stoxx 600.
Ainsi, dans le détail, notre portefeuille modèle fait état des caractéristiques suivantes :
- des actions européennes combinées à des actions internationales et thématiques, pour une exposition aux marchés actions de l’ordre de 50% du portefeuille.
- un portage attractif via des obligations à haut rendement et émergentes pour environ 25% du portefeuille.
- des stratégies de performance absolue pour un poids inférieur à 10%,
- des fonds diversifiés pour un poids de l’ordre de 10%
- une sensibilité obligataire faible,
- enfin, tactiquement, une poche d’options de vente sur l’Eurostoxx 50 et le S&P 500 pour couvrir les scénarii extrêmes des risques politiques.
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