Notre vision du marché
Notre vision du marché – décembre 2018
Retour sur 2018 et en Route pour 2019
Nos thèmes de gestion pour l’année 2019 sont actualisés comme suit :
- La première partie de l’année devrait pâtir du Brexit et des élections en Europe
- La normalisation des taux d’intérêt aux USA est en passe d’être achevée, tandis que celle de l’Europe pourrait ne pas commencer en 2019
- Les risques d’une guerre commerciale totale sont pour le moment derrière nous
Quelle que soient l’ambiance et les performances du mois de décembre, l’année 2018 aura été déroutante à plus d’un titre. En effet, comme nous l’avions anticipé, les élections ont pollué le climat européen, notamment avec le vote italien qui a donné lieu à une coalition gouvernementale issue de l’alliance des extrêmes. Ainsi, l’arrivée au pouvoir de la Ligue et du Mouvement 5 étoiles a fait s’enflammer les niveaux de prime de risque par rapport à l’Allemagne, les italiens projetant d’en découdre avec les règles budgétaires européennes. Las, l’incapacité du gouvernement à vendre des emprunts d’état, certes indexés sur l’inflation au peuple italien l’a contraint à revenir dans des clous budgétaires plus orthodoxes. Cette orthodoxie devrait d’ailleurs se renforcer dans le futur, la croissance de la péninsule étant plombée depuis des années par une dette astronomique.
En dehors du vote italien, c’est bien sûr la mise à la retraite programmée de Mme Merkel qui est à noter, notamment car l’axe franco-allemand devient plus fragile que jamais. En effet, une Allemagne affaiblie est une très mauvaise nouvelle pour M. Macron, qui aura fort à faire aussi bien sur le plan intérieur qu’à l’international pour prendre la tête des forces progressistes en Europe.
Ainsi, plus encore que précédemment, on peut s’attendre à une campagne pour les élections européennes extrêmement dure, et ce dans la plupart des pays de la Communauté. Au soir du 26 mai, l’écart entre les progressistes et les nationalistes sera clé pour identifier les marges de manœuvre réformatrices au sein de l’Union.
Auparavant, nous aurons possiblement basculé dans la période de transition devant déboucher sur la sortie du Royaume Uni de la Communauté européenne. Et cette période pourrait en réalité commencer dès avant les fêtes de fin d’année, puisque le 11 décembre aura lieu le vote du parlement britannique sur l’accord conclu avec les 27 autres pays membres courant novembre. Le parlement devrait d’ailleurs être amené à voter deux fois sur des questions très proches, le premier vote devant entériner un rejet du texte négocié par Theresa May. En cas de rejet de l’accord, les négociations reprendraient et pourraient déboucher sur un hard Brexit le 29 mars, c’est-à-dire une sortie du Royaume Uni sans aucun accord de circulation des biens et des personnes. Dans cette hypothèse, la Banque d’Angleterre estime que le PIB britannique se contracterait d’au maximum 7.75%, soit une chute plus importante que celle enregistrée à la suite de la faillite de Lehman Brothers.
Ainsi, nous anticipons un chemin relativement chaotique pendant la première partie de l’année sur le vieux continent, d’autant plus que le sentiment des entreprises et des ménages est pris en étau par les défis de pouvoir d’achat, présents dans tous les pays de l’UE, et à l’international par les menaces de mise en place de droits de douane par Donald Trump sur les biens et services européens.
Evolution du PIB Britannique depuis 2003
Source : Bloomberg / Myria AM
En effet, la Guerre du Commerce engagée par Donald Trump vis-à-vis de ses partenaires commerciaux, à commencer par la Chine et l’Europe, a créé une vive hausse de la volatilité constatée sur les marchés financiers. On rappelle que cette volatilité avait été historiquement basse en 2017.
Evolution de la volatilité depuis 2017
Source : Bloomberg / Myria AM
Ainsi, dans sa quête de rendre sa grandeur à l’Amérique (Make America Great Again), Donald Trump n’aura eu de cesse d’organiser un transfert de croissance des pays émergents vers les Etats-Unis. De surcroît, les taxes sur le commerce ont fait péricliter non seulement certaines devises mais également certains secteurs :
Evolution de l’indice actions auto monde
Source : Bloomberg / Myria AM
Evolution du dollar contre Real brésilien, Peso argentin et Livre turque
Source : Bloomberg / Myria AM
Néanmoins, les banquiers centraux restent très impliqués et certaines déclarations ont réussi à faire baisser la pression qui pesait sur les actions.
- D’une part, Mario Draghi a réitéré le fait que la BCE regardait avec attention les prévisions de croissance et d’inflation de la Zone euro et qu’elle se tiendrait prête à adapter sa politique économique à un durcissement de l’environnement économique,
- D’autre part, Jerome Powell, dans une interview, a annoncé que le taux directeur de la FED était désormais proche de la neutralité, pouvant laisser croire que le nombre de hausses de taux serait peut-être moins élevé qu’anticipé.
Ainsi, les probabilités implicites de taux indiquent que la Réserve fédérale devrait remonter 3 fois son taux directeur, pour atteindre le niveau de 3% d’ici à janvier 2020.
Revers de la médaille, la courbe américaines des taux est quasi plate entre les maturités 2 et 10 ans, signe avant-coureur d’un ralentissement de la croissance économique.
Pente de la courbe des taux US entre le taux à 2 ans et le taux à 10 ans
Source : Bloomberg / Myria AM
Si la confirmation de l’arrêt du programme d’assouplissement quantitatif de la BCE a mis le feu aux poudres en octobre dernier sur les actions et en novembre sur le crédit, les investisseurs s’inquiétant de la réduction de la liquidité, nous pensons que le pire est probablement derrière nous et que les marchés vont s’habituer à un peu moins d’intervention de la part de la Banque centrale.
Parallèlement à cette vue constructive sur les pays développés, nous pensons que la chute violente des actions et devises émergentes a probablement été trop loin et que l’asymétrie est devenue plutôt positive, à l’instar de ce qui s’est passé lors de l’élection présidentielle au Brésil. Ainsi, la remontée des actifs émergents devrait normalement se poursuivre, aussi bien en Amérique latine qu’en Asie. Cette vue s’est renforcée suite au diner sino-américain en marge du G20 argentin, et à la décision des Présidents Xi et Trump de maintenir un statu quo pendant trois mois, ce temps étant mis à profit pour rééquilibrer autant que faire se peut les balances commerciales entre les deux pays.
En conclusion, notre scénario fait toujours ressortir une forte conviction sur les actifs risqués, en privilégiant les actions des pays occidentaux, mais en revenant également sur les actifs émergents, pour des raisons de valorisation. Notre portefeuille modèle, qui va intégrer encore plus de diversification géographique, thématique et sectorielle, fait état des caractéristiques suivantes :
- des actions européennes toujours prépondérantes combinées à des actions internationales, japonaises, et émergentes, pour une exposition aux marchés actions proche de 60% du portefeuille,
- un portage attractif via des obligations à haut rendement et émergentes pour environ 25% du portefeuille,
- des stratégies de performance absolue pour un poids inférieur à 8%,
- des fonds diversifiés pour un poids de l’ordre de 10%,
- une sensibilité obligataire toujours très faible, mais qui pourrait remonter via les emprunts émergents.
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