Notre vision du marché

Notre vision des marchés – janvier 2019

2019, plus d’agitation ?

Nos thèmes de gestion pour l’année 2019 sont actualisés comme suit :

  • La première partie de l’année devrait pâtir du Brexit et des élections en Europe
  • La normalisation des taux d’intérêt aux USA est en passe d’être achevée, tandis que celle de l’Europe pourrait ne pas commencer en 2019
  • Les risques d’une guerre commerciale totale subsistent

L’année 2018 qui s’est achevée aura été la pire année boursière de la décennie, puisque l’indice des actions mondiales valorisé en dollar affiche une performance de l’ordre de -9%. C’est également la huitième plus mauvaise performance boursière depuis 1970.

Comme d’habitude, c’est au cours du dernier trimestre que l’année s’est jouée, puisque ce même indice a dévissé de plus de 13% entre la fin septembre et la fin décembre 2018.

Comme nous l’avons déjà évoqué, ce sont essentiellement des thématiques géopolitiques ou des craintes macroéconomiques qui ont précipité les marchés dans la baisse, mais force est de constater que dans des marchés chers, les déceptions microéconomiques se sont soldées par des baisses vertigineuses pour certaines sociétés, dépassant parfois les 60% sur l’année notamment dans le secteur des équipementiers automobiles.

Ainsi, nous entrons dans l’année 2019 avec de nouveaux points de référence, et il va falloir déterminer si ce sont plus des points d’entrée ou de sortie.

Par exemple, depuis la fin du mois d’octobre, et alors qu’il avait redoutablement bien résisté à la tempête boursière qui s’est abattue sur les actions, le marché des obligations à haut rendement a largement reculé et ce, de part et d’autre de l’Atlantique. Cette baisse violente, qui a débuté en novembre, a pris le relais du reflux des actions, ce qui a conduit les primes de risque à un niveau proche de celui de février 2016.

A ce propos, la chute des marchés lors du dernier trimestre 2018 n’est pas sans rappeler cette période d’il y a trois ans. A cette époque déjà, on constatait que :

  • le pétrole s’était effondré sans discontinuer pendant plusieurs trimestres, pour s’afficher à un prix plancher de 26 $ le baril,
  • les primes de risque de crédit s’étaient envolées
  • les marchés actions, notamment européens, avaient fortement corrigé à partir du mois d’août 2015. Dans la torpeur estivale, la Chine avait élargi les marges de fluctuation du Yuan et ce geste avait été interprété à l’époque comme un désir de mettre fin à une surévaluation de la devise chinoise. les marchés d’actions avaient alors enregistré en quelques mois des chutes comprises entre -15 et -25%.

Comme on le sait désormais, ces craintes se sont révélées infondées, mais c’est le scénario que les marchés paraissent jouer à nouveau.

Les investisseurs semblent parier sur une récession imminente, causée en premier lieu par les divergences sino-américaines sur le commerce et ses menaces de hausse drastique des droits de douane.

De plus, en Europe, l’ambiance est également plombée par l’interminable Brexit, seule thématique qui permet véritablement d’insuffler de la cohésion au sein des 27 états membres de la Communauté européenne. Aussi, les élections européennes à venir, dont les résultats seront connus le 26 mai prochain, seront déterminantes pour connaître l’avenir de nombreux pays : ainsi, Emmanuel Macron sortira-t-il renforcé ou le Rassemblement National sera-t-il le grand vainqueur de ces élections ? Matteo Salvini pourra-t-il espérer se débarrasser de Luigi Di Maio et gouverner l’Italie dans une coalition droite / extrême droite ? L’AFD créera-t-elle une crise politique en Allemagne nécessitant des élections législatives anticipées ? Viktor Orban verra-t-il son pouvoir écorner ?

Evolution de la prime de risque du Haut Rendement européen depuis 5 ans

Source : Bloomberg / Myria AM

Evolution de la prime de risque du Haut Rendement américain depuis 5 ans

Source : Bloomberg / Myria AM

Evolution du prix du baril de pétrole américain depuis 5 ans

Source : Bloomberg / Myria AM  

Evolution du Yuan contre le Dollar US depuis 5 ans

Source : Bloomberg / Myria AM

Evolution du Stoxx 600 depuis 5 ans

Source : Bloomberg / Myria AM

Sur le plan international, en ce début d’année, il ne fait aucun doute que la croissance mondiale est moins forte qu’il y a un an du fait de la Guerre du Commerce. Et l’avertissement d’Apple sur ses ventes, notamment en Chine, a remis le feu aux poudres sur les marchés dès le 3 janvier 2019, d’autant plus que l’indicateur avancé de l’activité manufacturière chinoise pour le mois de décembre s’affichait en contraction pour la première fois depuis près de 3 ans.

Evolution du PMI Manufacturier chinois sur 5 ans

Source : Bloomberg / Myria AM

Comme on peut le constater sur le graphique ci-dessus, ce n’est pas la première fois au cours des cinq dernières années que cet indice passe sous le seuil fatidique de 50, sans pour autant que ce soit annonciateur d’une contraction immédiate de l’activité mondiale.

En revanche, au chapitre des bonnes nouvelles, le chiffre des créations d’emplois aux USA pour décembre est ressorti beaucoup plus fort que prévu, à 312 000 créations nettes avec une révision du chiffre précédent en hausse de 21 000 emplois, ceci étant couplé à une remontée du taux de chômage, de 3.7 à 3.9%, ce qui tendrait à faire penser que non seulement la politique de M. Trump crée des emplois aux USA, mais que de plus en plus de gens s’inscrivent à nouveau au chômage, dans l’espoir de retrouver un emploi.

De surcroît, les banquiers centraux restent toujours autant impliqués dans le pilotage de l’économie et des marchés financiers et il n’aura finalement suffit que d’une table ronde à Atlanta pour que les marchés repartent spectaculairement de l’avant. En effet, lors de ce débat public, le Président de la Réserve Fédérale a réitéré sa volonté de s’adapter très rapidement au futur contexte économique. De plus, il veut tirer les leçons des pics de volatilité dus à des discours ayant pu susciter des inquiétudes concernant le rythme de normalisation des taux d’intérêt. Ainsi, ce discours très accommodant a provoqué un puissant mouvement haussier le 4 janvier et l’ensemble des places financières a terminé sur des gains compris entre 2.5 et 4%, tandis que le dollar reculait fortement contre l’euro.

Dernier élément rassurant dans ce contexte d’incertitude, la pente de la courbe des taux américaine persiste à rester positive, ce qui laisse penser que les marchés obligataires d’’Etats résistent au marasme ambiant et font l’hypothèse d’un ralentissement mesuré de l’économie plutôt qu’une récession même « technique ».

Pente de la courbe des taux US entre le taux à 2 ans et le taux à 10 ans

Source : Bloomberg / Myria AM

Nous commençons donc l’année 2019 avec des conditions psychologiques exacerbées : si le Shutdown en cours aux Etats-Unis n’a que peu d’impact, la fin de l’assouplissement quantitatif européen le mois dernier pourrait expliquer le niveau d’écartement des primes de risques sur le marché du crédit. De plus, toute déclaration rassurante ou intempestive peut avoir des conséquences fortes sur les marchés et seule la résolution du conflit commercial sino-américain pourrait faire retomber la tension, la prévisibilité de l’économie de l’Empire du Milieu étant essentielle pour que la sérénité l’emporte sur le stress. Néanmoins, on note qu’en décembre, les marchés émergents ont largement surperformé en dollar les marchés développés, notamment américains, signe sans doute d’un point d’entrée atteint.

En conclusion, notre scénario conserve une surexposition sur les actifs risqués, en privilégiant les actions des pays occidentaux, mais en revenant également sur les actifs émergents, pour des raisons de valorisation. Notre portefeuille modèle fait état des caractéristiques suivantes :

  • des actions européennes toujours prépondérantes combinées à des actions internationales, japonaises, et émergentes, pour une exposition aux marchés actions proche de 60% du portefeuille,
  • un portage attractif via des obligations à haut rendement et émergentes pour environ 25% du portefeuille,
  • des stratégies de performance absolue pour un poids inférieur à 8%,
  • des fonds diversifiés pour un poids de l’ordre de 7%,
  • une sensibilité obligataire toujours très faible, notamment sur l’Europe.

 

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